Chrétiens ''dans le Seigneur''

Publié le par Charles Ménage

 

Chrétiens ''dans le Seigneur''

 

Charles Péguy, ce chrétien singulier ..., juste après Vatican I, a contribué à préparer Vatican II en remettant la foi chrétienne sur son axe : l'Incarnation. Rien de moins, nous dit Jean-Marie Ploux.

La redécouverte principale de Péguy est que l'Incarnation, Dieu fait homme, a transformé l'humanité en la faisant entrer en Dieu. Il y a, à l'initiative de Dieu, réciprocité, échange, mettant l'éternité parmi les hommes et mêlant la temporalité au domaine divin. Saint-Irénée avait eu cette formule lapidaire : Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu, (mais je crois que Saint Augustin y a mis comme condition l'intermédiaire de l'Eglise.)

Le hasard a fait que je tombe en arrêt devant cette expression de Saint-Paul : dans le Seigneur (1co11,2 ) lorsqu'il explique que les hommes et les femmes ont une place différente dans la société mais que, en kuriw, ils sont à égalité. Les traductions varient : aux yeux du Seigneur, devant le Seigneur, unis en Dieu, mais, le plus souvent, c'est bien : dans le Seigneur. Paul emploie-t'il ailleurs cette expression ? Dans la même lettre, il appelle Timothée son ami dans le Seigneur (1Co4,17) et, surtout, il conclue l'épitre en affirmant aux Corinthiens qu'il les aime tous en Jésus-Christ. Il dit aussi aux Colossiens '' poursuivez votre route dans le Christ, notre Seigneur, tel que vous l'avez reçu (Col2,6). Ces termes passent inaperçus, semblant rappeler simplement que nous sommes adeptes du Seigneur, homme et Dieu, mais je crois qu'ils désignent pour Paul un réalité toute nouvelle, plus profonde, celle de notre vie transformée par l'Incarnation. Etre en Christ, c'est, d'une part, être intégrés à son Corps mystique, que Paul enseigne à longueur d'épitre, mais c'est aussi, d'autre part, être radicalement transformés dans notre personne, notre être relationnel : ''En Jésus-Christ, vous qui étiez séparés, vous êtes devenus proches, par son sang (Eph2,13). D'où cette affirmation très claire : ''si quelqu'un est en Dieu, il est une nouvelle créature'' (2Co5,12) et s'il l'est, c'est bien parce que Dieu lui-même s'est abaissé jusqu'à être en humanité, nouvelle créature.

Péguy a bien flairé le piège : non, ce n'est pas pour l'homme un motif de supériorité et encore moins d'orgueil, au contraire ! De même que Dieu s'est abaissé pour prendre notre condition humaine, l'homme ne peut accéder à la condition divine que dans l'humilité. Jésus lui-même nous l'avait enseigné : quiconque s'élève sera abaissé, quiconque s'abaisse sera élevé. Et pour Paul, cette humiliation va jusqu'à la Croix. '' Je ne veux connaître que le Christ, le Christ crucifié'' écrit-il en 1Co2, 2 et il faut bien saisir toute l'intensité du mot connaître conduisant non pas au partage doloriste du Sacrifice mais à l'humiliation extrême du don de soi.

 

 

Publié dans Spritualité

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